L’Ile des Ebihens
En Bretagne, il était une petite île, les Ebihens
La mer battait sur les rochers, semblant vouloir, désirer plus que tout petit à petit les faire s’écrouler. La falaise semblait encore protéger, mais pour combien de temps, les quelques habitations situées en son bord. La tempête hurlait, la pluie claquait, pendant que l’orage grondait, et le brouillard semblait l’envelopper, prêt à s’allier avec la mer pour la submerger et la faire disparaître. Les arbres luttaient, tels des roseaux, les animaux s’étaient cachés. Il faisait noir, pas nuit, noir.
Légendes, tempêtes, et Saint-Jacut
Telle pourrait être ma description de l’Île des Ebihens (« La petite île » – Enez Bihen en Breton), en Bretagne. Des légendes se mettent à trotter dans mon esprit, et j’imagine aisément des pirates venir déposer leur butin, un trésor légendaire, et le cacher sous l’arbre situé à l’Est du 66ème pas en partant du néant, avant d’aller attaquer Saint-Malo, à quelques heures de bateau, pour y passer du bon temps et déguster quelques verres de chouchen et manger des crêpes, en charmantes compagnies ; ou les habitants lutter pour leur survie, isolés par la marée, contre de terribles tempêtes, se demandant si la prochaine rafale ferait basculer leur cabane dans le gouffre rugissant et dans un autre monde…
Située au bout de la presqu’île de Saint-Jacut de la mer (dans les Côtes d’Armor), entre Dinard et le Cap Frehel, on appelle ce petit coin Breton la côte d’émeraude, couleur de la mer effectivement très particulière et magnifique (quand le soleil est de la partie).
Archipel de dunes et de fougères entouré de rochers
La côte découpée, juste en face de l’île, et en son extrémité composée des petits îlots surnommés les « Hâches », donnent un aperçu imaginaire de ce petit archipel (des haches sortant de la mer, imaginez les bateaux voguant dessus, où s’y jetant par un vent un peu trop fort ?).
Remplie (malheureusement) de touristes (dont je fais partie) et de bateaux sur sa plage principale en été (ayant tendance à la défigurer, soyons clair…), quelques maisons typiques y sont presque cachées sur les confins de l’île, mais dunes, fougères, et rochers composent principalement ce petit paradis.
Comme pour beaucoup d’endroits un peu nature, les personnes ne sortent finalement que très peu des sentiers battus, en l’occurrence de la plage, et vous pouvez donc vous promener sur le sentier principal (le reste étant interdit pour protéger la faune et la flore victimes de l’érosion due au tourisme de masse très important sur cette île) et voir de jolies vues sur la mer, en ayant presque l’impression d’être seul au monde ! A marée haute, si vous avez la chance de vous faire prendre en matinée où fin de journée, vous pourrez y être presque seul !
Non loin se perdaient les pirates…
En allant vers les hâches, au nord, la végétation et le sable laissent place aux rochers, et il devient facile de s’isoler (un peu, vraiment pour être franc l’île est petite, il y a du monde, il faut donc chercher !!!) et de s’imaginer Pirate Barbe noire, naufragé suite à une tempête, ne sachant trop si l’Islande, la Bretagne où l’Angleterre vous aura accueilli ?
Je laisse donc votre esprit vagabonder, se perdre en pleine mer, imaginer le vent dans vos cheveux, votre crochet vous retenant aux rochers de cette terre promise, allant compter de vos bottes sept lieues en espérant enfin, après des années de navigation sur les sept mers du globe, enfin découvrir le trésor légendaire de barbe rouge, votre illustre ancêtre dont parlent encore de nos jours tous les ouvrages de piraterie !
Edit : cette île est privée, et ses quelques habitants permettent gentiment aux touristes de la découvrir; cependant il est important de respecter les lieux, et la tolérance des propriétaires ne s’applique que sur le chemin Nord/Sud qui traverse l’île. Bien entendu sans cueillir, ni laisser ses détritus ou animaux salir ce superbe endroit, il serait dommage de ne plus pouvoir y accéder…
Pour terminer, un petit bonus, une chanson de Pirates (par le grand Boris Vian):
Y en a qui deviennent sergents
Ou marchands d’peinture
Y en a qui vendent des cure-dents
Ou de grosses voitures
Y en a qui restent tout l’temps
Enfermés comme des patates
Mais moi quand je serai grand
Je serai pirate.Les pirates ont des tas d’frégates
Des sabres pointus et pas de cravate
Les pirates ont du poil aux pattes
Et un’ tête de mort sur les omoplates
Les pirates ont des jamb’ de bois
Et de gros saphirs luisent à leurs doigts
Les pirates ont des nez vermeils
Et des anneaux d’or pendus aux oreillesIls vont sur la mer par bon vent arrière
Et mont’ à l’abordage avec des cris sauvages
Tuent les matelots flanquent les corps à l’eau
Et prennent les gonzesses pour leur pincer les fesses
Les pirates ont de gros mousquets
Des tonneaux de poudre et des perroquets
Les pirates sont borgnes d’un œil
Et leur pauvre mère est toujours en deuil.J’ai grandi, c’était forcé
Et j’vis à Pigalle
Je tiens un café
Réservé aux mâles
C’est des garçons bien gentils
I s’cassent pas les omoplates
Ils font bosser les souris
Les derniers pirates…Les pirates ne paient pas d’impôts
Et s’font des tatouages sur les biscotos
Les pirates vivent au jour le jour
Ca n’les empêche pas de faire du v’lours
Les pirates ont des foulards noirs
Et versent le fric à pleins arrosoirs
Les pirates n’aiment pas la bagarre
Et règlent leur compte sur le coin d’un bar
Ils vont à Paris dans les boites de nuitRamassent les pucelles pour rénover l’cheptel
Paient les argousins pour protéger l’turbin
Et prennent les gonzesses pour leur botter les fesses
Les pirates sont toujours d’Ajaccio
Ils n’ont peur de rien sinon du boulot
Les pirates qu’ont tout ramassé
Font d’la politique et d’viennent députés.Parce qu’à notre époque
De productivité
Il faut des spécialistes à tous les postes clés…
histoire de corsaires …. point de pirates a St Jacut ! Le sieur Robert (Surcouf pour les intimes) mouillait son fameux Renard le long des ébihens esperant detecter à l’horizon une voile anglaise chargée de butins, tresors ou epices parfumés….
Ah le Renard, n’est-ce pas un beau voilier qu’on voit dans la baie régulièrement?
http://www.youtube.com/watch?v=udfnVcFPZLE comme quoi, le poème est encore de notre époque 🙂
J’aime le tag « capitaine crochet » :p
Je ne connaissais pas la chanson, je l’ai découverte en écrivant l’article, et effectivement je l’ai trouvé bien actuelle…
Capitaine crochet, indispensable quand on parle de pirate !!!
Elles donnent bien envie tes photos… On se croirait encore en vacances…
Merci 🙂
J’espère avoir mis les plus sympa, j’en avais pris pas mal, surtout sur les hâches qui pour moi ont vraiment un côté fascinant et dépaysant ! Je n’ai jamais fait cette balade par temps maussade, mais ça doit valoir le coup !