Sukkwan Island
Sukkwan Island, de David Vann
Sukkwan Island, de David Vann.
Roman des (excellentes) Editions Gallmeister, collection Totem, janvier 2010.
Prix Médicis étranger 2010, Prix des lecteurs de l’Express, Prix de la maison du livre de Rodez…Sukkwan Island a été l’un des premier gros succès chez Gallmeister et est aujourd’hui devenu un classique.
Un premier roman qui a cartonné
Premier roman de David Vann (auteur américain originaire d’Alaska), c’est un coup de maître serais-je tenté de dire. Avant de parler du livre en lui-même, l’auteur. Il a vécu sur une ile en Alaska, et à beaucoup voyagé sur les océans (il s’apprête – mais peut-être l’a-t-il déjà fait – à réaliser un tour du monde à la voile en solitaire avec un catamaran qu’il a lui-même construit). C’est donc un roman qui pourrait presque être autobiographique, et j’imagine qu’il a puisé dans ses souvenirs et expériences passées les nombreuses situations vécues et racontées dans Sukkwan Island.
L’histoire maintenant.
Jim et son fils Roy partent pour une année vivre sur une île en Alaska, dans une cabane que Jim a acheté. Située sur le bord de la mer, entouré de montagnes, l’aventure peut de premier abord faire peur et craindre le pire pour des personnes habituées à leur confort et la sécurité de la communauté, mais peut aussi faire rêver (et c’est même pour ma part un fantasme) et finalement, bien préparé, c’est quelque chose que l’on lit de temps à autre. Peu de romans d’ailleurs, souvent des récits d’aventures, des « derniers » trappeurs des temps modernes, voulant renouer avec leurs racines, et quitter ce monde le temps de se ressourcer.
Sauf que, Sukkwan Island est un roman. D’emblée, on est pris d’un malaise indescriptible : rien ne se passe comme prévu, et on a l’impression que le père de Roy n’a pas si bien préparé que ça ce séjour (l’a-t-il seulement préparé ? quel est son but finalement ?). Même éphémère, et en arrivant au printemps, l’aventure est dangereuse, et il faut se nourrir, prévoir pour l’hiver (le bois, la nourriture), tout simplement survivre. On est même étonné que Jim, qui vécut de nombreuses années en Alaska soit si loin des règles de survie de base (que l’on doit apprendre lorsqu’on vit sur place, dans une région si hostile à l’homme non préparé).
Une histoire sur fond de malaise
Le roman est scindé en deux parties ; la première concerne l’installation, cette nouvelle vie à deux, et le seconde…je ne peux en parler sans dévoiler le scénario.
Sachez juste que c’est noir, très noir, on sent monter le drame, et est presque soulagé d’une certaine manière, lorsqu’il arrive.
Sukkwan Island fait la part belle (ou pas ?) aux relations entre un père et son fils, qui ne se connaissent pas si bien que ça. Petit à petit on apprendra des choses sur Jim. Indépendant, obsédé des femmes, il pleure tous les soirs, qui est-il ?
Je ne peux malheureusement pas en dire trop, mais vous comprenez que c’est un livre dur. Une histoire, un drame entre un père et son fils. Je ne saurais pas conseiller où déconseiller Sukkwan Island. Malgré ses prix (qu’on ne peut lui retirer, étant donné la charge d’émotions qu’il apporte), David Vann réussit réellement à mettre le lecteur mal à l’aise, il faut donc s’y attendre avant de s’atteler à la lecture. Mais il y arrive, et c’est vrai que rien que cela justifie la lecture de ce livre. Autre critique, je trouve plutôt peu plausible la façon dont se passe le début de l’histoire et l’impréparation de Jim à la vie en pleine nature, à la vie seul sur une île en Alaska. Lisant beaucoup de récits de ce type, je me suis même demandé si l’auteur savait de quoi il parle. Visiblement il sait très bien, mais alors existe-t-il des personnes aussi imprudentes ? Même si au final le temps, et la difficulté de cette région arctique n’est que secondaire, et ce drame est familial, simplement.
Sorti assez choqué de cette île, au final David Vann a réussi à m’emmener avec lui. Il est sorti de mes codes, et a ébranlé d’une certaine manière mes certitudes. Dur, mais bien écrit, faites-vous votre avis !
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