Nés pour courir
Born to run, ou né pour courir
Ou Born to run en anglais. Pourquoi je vous parle anglais ? car je prends des cours, et oui !
Non, en fait il s’agit d’un livre qui a eu assez de succès aux Etats-Unis, un livre sur le Barefoot running (yeah, vous voyez mes cours d’anglais payent), appelé aussi en France le minimalisme.
Quel rapport avec les régions nordiques ? Aucun, et ouai, je prends des cours d’anglais moa (euh…désolé pour la blague récurrente pourrave…).
Courir naturel
Non, le rapport, lointain et tiré par les cheveux, c’est que j’aime les régions nordiques et scandinaves pour la nature, la liberté que celle-ci procure, et globalement je suis quelqu’un d’assez nature, qui apprécie énormément le retour aux sources que peuvent me procurer des vacances dans le Jura loin de tout, à la montagne, en Laponie, lorsque l’humain et ses (r)évolutions malsaines sont loin de moi (même si j’apprécie la technologie hein, je regarde mon iphone toute les 5mn et doit être connecté 18h/24…).
Et le minimalisme, c’est un peu ça : arrêter de courir avec des chaussures de running hyper protégées, renforcées, avec des amortis de plus en plus importants, où l’on ne sent absolument pas ce sur quoi on marche ou court, et où au final on se blesse quand même, tendinites aux genoux, douleurs si on ne prend pas telle type de chaussures, pronatrice, universelle, où autre. Essayez de courir 30mn avec des pronatrice ou des universelles, si vous êtes supinateur (gné?! – google est votre ami), vous ne marcherez plus pendant 3 jours…utilisez n’importe quelle chaussure de sport (qui auront donc grosses semelles et talons), vous aurez des douleurs. Il faut savoir que les chaussures de running techniques sont apparues lors des 30 dernières années; avant les gens couraient aussi, ne se prenaient pas tant la tête que ça avec ce supposé confort et se blessaient moins (bon, il y avait peut-être moins de coureurs aussi) ; les meilleurs marathoniens, des kenyans, s’entraînent souvent pieds nus avec les résultats que nous connaissons, il y a même eu un champion Olympique (Abebe Bikila – le nom de mes Fivefingers d’ailleurs qui a gagné le marathon Olympique de Rome en 1960 je crois) qui courait pieds nus, donc déjà on peut se dire qu’utiliser ce type de chaussure pose question :
Suis-je obligé de ne plus rien sentir pour courir sans avoir mal avec plus de confort?
…car courir bon, c’est un peu sortir de sa zone de confort, et se faire mal pour progresser !
Ah oui, je n’avais pas précisé (mais comme vous êtes les meilleurs lecteurs du monde et donc vous aviez compris), je cours (un peu), plusieurs fois par semaine en été, dans ma forêt de Fontainebleau (oui, quand il fait beau, même si en hiver j’aime bien quand il fait bien froid, cet hiver j’avais couru dans la forêt enneigée, le bonheur). Je cours pour me détendre, faire du sport tranquillement, me maintenir en forme, où m’entraîner pour le karaté (que je pratique depuis environ 20 ans – un peu moins régulièrement cependant, sur courant alternatif, ces dernières années).
Sortir de sa zone de confort
Il y a un an, j’ai donc découvert le minimalisme, et j’ai trouvé le concept sympa : courir en ressentant à nouveau le sol et la sensation de courir pieds nus. Mais aussi une autre façon de courir aussi, impossible de courir en posant le talon comme l’impose la course avec les chaussures de running classiques, du fait de talons « hauts » et donc d’un dénivelé, là retour aux sources avec juste une mini protection (et éviter d’avoir des cornes aux pieds où se prendre un bout de verre par exemple), et l’avant du pied qui se pose en premier. L’impact, au lieu d’être amorti par les chaussures de running et le genoux (vous pourrez trouver des vidéos qui montrent très bien la force de l’impact dû aux chaussures de running classiques, qui, si elles possèdent un amorti très fort, font quand même très mal aux genoux d’où de nombreuses tendinites où douleurs importantes chez de nombreux coureurs, avec la différence apportée par le barefoot running), sera amorti par vos mollets. Et vous allez donc redécouvrir ce muscle qu’on croit bien connaitre en montant un escalier (mais bon, au vu des escalators de plus en plus présents, monter un escalier semble devenu pour bon nombre de personnes un exploit digne de l’Olympisme moderne, dopage inclus) mais qui au final ne travaille pas tant que ça.
Je déteste les chaussures de « Papas », celles qu’on essaye d’imposer aux gens sérieux qui mettent des cravates (faites-moi penser à écrire un article sur la cravate) et aux jeunes, en leur disant que si ils ne s’y habituent pas, leurs pieds vont s’étaler et donc qu’ils ne pourront plus en porter quand ils seront grand et devront trouver un travail sérieux avec d’autres papas en cravates et chaussures de papas. C’est tellement stupide, mais j’ai souvent entendu ça. J’en met donc très rarement (sauf en rdv où il faut avoir l’air sérieux et intelligent – nous vivons quand même dans une vraie société d’apparence, ça fait flipper), privilégiant de base les chaussures (ou plutôt les baskets) dans lesquelles je me sent le plus libre, le plus près du sol, c’est tellement plus agréable que de marcher avec des chaussures de ski lourdes et anti naturelles.
Je digresse, je digresse…
Les minimalistes, adaptation de blessures
Il y a un an, j’ai donc découvert le minimalisme (et là j’ai un sentiment de déjà vu…), en achetant mes premières chaussures minimalistes, des Saucony Hattori : 125 grammes la chaussures, aucun dénivelé entre l’arrière et l’avant du pieds, et de superbes sensations. Vraiment le top pour courir, on se sent plus léger, on sent tout en dessous, et ça change complètement la façon de courir. Bon, je n’avais pas de technique particulière avant, je ne suis qu’un coureur du dimanche, mais dès les premières foulées, l’avant du pied se pose en premier, et le mollet fait son travail d’amorti. Il va sans dire que les premières sorties sont courtes, et, c’est « l’inconvénient » du minimalisme, il y a un temps d’adaptation assez long (entre 1 et 2 ans sont conseillés, 10 minutes le 1er jour, 15mn le second, etc…), de façon à entraîner muscles et os du pieds qui sont restés, souvent depuis notre plus jeune âge, lorsqu’on nous a imposé des chaussures et autres protections « pour notre bien », endormis et donc peu performants. Le principe est de faire des sorties progressives avec les minimalistes, en alternance avec nos chaussures classiques, sinon, blessure. Donc en novembre, me sentant bien (j’ai dû les acheter en juillet), j’y allais beaucoup plus fort, et longtemps, et ce qui devait arriver arriva, je n’ai pas écouté une douleur au mollet un matin, et au but d’une heure à bien forcer, claquage de ce mollet. 2 mois pour m’en remettre (même si au bout de quelques jours on ne sent plus rien, au bout d’une semaine comme ça allait mieux j’ai renforcé un peu juste en marchant plus vite et ça a reclaqué), j’ai donc dû vraiment faire attention. Très embêtant.
Les autres blessures concernent principalement des fractures du métatarse, les os du dessus du pied. Souvent des fractures de fatigue, un peu comme le mollet, ça tire vraiment beaucoup, il faut donc vraiment respecter ce processus long. J’ai donc repris avec les Hattori doucement en hiver, les prenant de temps à autre, et à partir de mai/juin, quand je me suis remis à courir régulièrement, j’ai bien respecté sorties courtes avec et plusieurs longues avec les runnings classiques.
ET donc, je digresse, je digresse, pour en arriver à vous dire que j’ai craqué fin juin sur des Vibram Fivefingers : la star des barefoot runners : des chaussons de pieds, les orteils complètement indépendants, et la semelle très fine. Bon, vous ne les portez pas dans la rue, sinon les esprits un peu réfractaire aux changements où à l’originalité, si présents dans notre pays et prompts à juger à l’emporte pièce sauront vous montrez que vous avez l’air ridicule (ou alors faut assumer…).
Les Fivefingers, si vous posez le pieds sur une pointe de pierre, vous le sentez. Si vous courez et sautez sur une pierre, vous vous faites très mal. On fait vite attention !
De nombreux avantages, si on ne fait pas n’importe quoi
Mais les avantages sont vraiment terrible, si au début il faut effectivement faire attention, et le côté char d’assaut des chaussures de running classiques avec lesquelles vous pouvez sauter partout peut manquer et donc vous dérouter, il va vous falloir faire attention au début justement sur ce qui peut dépasser, cailloux, pierres, etc. Mais le fait que la chaussure fasse corps avec le pieds va redévelopper de façon assez importante vos réflexes de course (je n’ai plus le nom technique, j’essaierais de le retrouver). Par exemple, il m’arrive avec mes chaussures classiques de me tordre la cheville en descendant sur des pentes irrégulières lorsque je vais vite et à l’arrache. Avec mes Fivefingers, le pied régule complètement, et les tendons font leur travail, car vous sentez de suite que l’appui n’est pas bon et donc l’équilibre et les réflexes reprennent vie et font leur travail, c’est vraiment impressionnant.
Bref, je recours, avec vraiment plus de plaisir lorsque je les utilise, de plus en plus souvent maintenant, je pense que ma phase de transition est terminée (je cours 1h/1h30 à différents rythmes avec sans ressentir de douleurs ou tiraillements, et je fais 2 séances avec pour 1 séance avec mes chaussures de running, d’une part pour ne pas me reblesser, ce serait ballot, d’autre part pour varier les sensations et les muscles travaillés) et je profite vraiment de cette manière que je trouve naturelle, car comme le titre du livre « Born to run » le signifie, et l’explique, nous sommes nés pour courir. D’ailleurs, il existe des minimalistes s’inspirant du peuple Tarahumara qui utilisait des sandales Huaraches (une mini protection très fine et de la cordelette) et partaient courir et chasser avec !
La gamme barefoot Merrell
Depuis quelques années, Merrell propose également toute une gamme de chaussures barefoot: des produits Lifestyles aux chaussures de trail minimalistes, avec plus ou moins d’amorti, permettant d’abord d’essayer, et d’y aller progressivement. Vous pourrez passer une fois la transition terminé aux Vapor Gloves, qui sont pour moi les plus minimalistes que j’ai pu tester (or sandales).
Une transition vers le minimaliste, c’est le bonheur de recouvrer des sensations
De même en cherchant sur le net des infos, on trouve quelques exemples de coureurs et marathoniens passés au minimalisme (car on vous dira que si c’était si bien, tout le monde abandonnerait les chaussures de running avec un fort amorti et dénivelé, ce qui n’est pas le cas effectivement), et en écoutant et se renseignant auprès de médecins et podologue, on a du « non mais, oui mais », « n’importe quoi », car d’une part beaucoup sont réfractaires au changement, et donc vont vous dire que ça n’a aucun intérêt et que c’est même dangereux – et effectivement on trouve beaucoup de gens comme moi qui se sont blessés, mais comme je l’ai expliqué et comme je l’ai lu partout, il faut y aller très progressivement), et d’autre part au final peu de personnes s’y intéressent, et les lobbies des équipementiers restent très important. Et ils ont imposé des chaussures et des amortis de plus en plus techniques, alors qu’il était possible au final de courir sans ces artifices.
Enfin voilà ma petite expérience de retour à la nature grâce aux chaussures minimalistes, depuis chez moi, et dans mon quotidien. J’essaye aussi le plus souvent possible d’être pieds nus, c’est vraiment un bonheur, que ce soit chez moi ou au bureau, on redécouvre des sensations et un dynamisme vraiment intéressant. Et vous, vous seriez prêt à passer le cap et essayer?
J’aime votre article,il relate tout pour commencer et continuer le minimaliste. D’origine reunionaise, pendant notre enfance on etait souvent pieds nus et crapahuter partout, jouait même au foot sur le bitume.Et notre societé a fait que nos pieds ont perdus toutes ses sensations, trop dorloter on va dire. Cela va faire deux ans que j’ai mis les glove trail de merrel, et decouvrir de nouvelles sensations, même pieds nus sur les sentiers vosgiens. Et oui , faut être patient, quant on commence à faire du minimaliste.
minimalistement gilles
Bonjour Gilles, c’est exactement ça, on a perdu des sensations, et il est très agréable de les retrouver ! Je viens justement d’acquérir une paire de Merrel Run Vapor Glove, et je les porte depuis 2 jours sur Paris, et c’est un bonheur…pas encore été courir avec, mais rien que marcher dans la ville est vraiment agréable ! Après, pour courir, oui, il faut être patient…
1er marathon en Five FIngers après un an de transition et mon meilleur temps sur la distance dans un état de fraîcheur incroyable ! Je ne peux plus me passer de ces chaussures avec lesquelles je n’ai plus aucune douleur de sciatique 🙂 Prochaine étape, le Marathon Race à Annecy en 5F Spyridon… 😉
C’est clair qu’on court mieux je trouve. Après, j’ai de temps à autres d’autres douleurs (sous le pied, aux os des orteils…), donc j’essaye aussi d’alterner encore
Oui, moi aussi. 8km aujourd’hui post marathon de Paris et j’ai chaussé mes Hoka ! Pas de douleurs particulières mais je sais que les structures de mon pied ont besoin de moelleux pendant quelques jours encore… Par contre, rien à faire, les douleurs au dos réapparaissent dès que je rechausse des chaussures compensées même si elles ont très peu de drop !
Moi c’est souvent les jambes qui s’engourdissent (je ne peux pas courir + de 30mn avec les Nike Free flyknit)
c’est pas le terme proprioception que tu ne trouvais pas … Super ton recit, et j’ai le même parcours avec petites blessures de l’homme pressé!!! qui croyait être arrivé au minimalisme plus vite que les autres … Patience et progression et après … Trop bon!!!!!
C’est clair ! Patience, la c’est top, je n’ai plus aucune douleur aux mollets après 1h, les ampoules diminuent, et juste la peur de me faire une blessure bizarre fait que j’alterne (et au final c’est pas mal de mixer les deux je pense). Pas sur pour le terme proprio même si je l’ai entendu..réflexe proprioceptif?
Bonjour, et compliments sincères pour cette publication particulièrement riche et complète par rapport à l’expérience minimaliste !!
Tout ce qui est dit reflète parfaitement l’approche, l’apprentissage, la progression, l’écoute des sensations du corps, les réflexions qui en découlent… En bref tout ce qui caractérise une conversion à la pratique minimaliste menée intelligemment, et naturellement couronnée de succès, comme elle le justifie et le mérite !!
Encore bravo, et excellente continuation dans cette voie sportive !…
Daniel DUBOIS.
Auteur de « Barefoot et Minimalisme – Courir Naturel » (Ed. Amphora)
Blog : www-barefoot-runner-france.com
FB : https://www.facebook.com/daniel.a.dubois.7
Merci, oui, l’écoute de son corps, et sa connaissance, c’est aussi ça le truc! J’ai plus de 20 ans de karaté derrière moi, donc ça aide, même si le running ça ne fait que 2/3 ans que j’en fais vraiment régulièrement ! Le minimalisme apporte vraiment un truc dans les courses en nature, dans le plaisir mais aussi le ressenti. En tout cas merci pour le commentaire, ça fait plaisir !
moi ça me fait penser au Boss <3 http://www.youtube.com/watch?v=IxuThNgl3YA (j'ai pas pu m'en empêcher)
intéressant tout ça, j'avais déjà vu ce type de baskets mais je ne savais rien du minimalisme, je pensais que c'était juste une mode moche ! c'est cool en fait.
Oui moi aussi au début je pensais que c’était juste un truc bizarre (bon après t’en a qui en portent, je pense pas que ce soit pour courir, mais franchement, même en ville c’est super agréable, je les ai mises l’autre soir a bois le roi, t’es vraiment bien).
Pas tout à fait convaincu par ce type de chaussure.. Je pense notamment que beaucoup de choses entrent en compte, notamment le poids du coureur et aussi ses antécédants (blessures ?).. Mais je suis pas contre essayer un jour.. 🙂
J’ai lu justement que le poids n’entrait pas en compte, contrairement a beaucoup d’idées reçues ! après, si tu es en surpoids et que tu commence le running, le poids posera probleme effectivement, mais minimalisme ou pas ! Franchement c’est vraiment top, mais il ne faut pas négliger la transition, et se dire qu’elle va durer entre 1 et 2 ans, et que quelques mois ce n’est pas assez !
Je ne cours pas mais j’ai testé la randonnée pieds nus en montagne et c’est du pur bonheur ! Une vraie sensation de liberté. J’ena ai parlé dans ce post : http://lecoindesvoyageurs.fr/naturiste-dans-le-parc-national-de-la-vanoise-oui-mais-des-pieds
Pieds nus complètement j’ai encore du mal en exterieur (peur de bestioles, de trucs crades…), mais j’ai passé le WE dernier complètement pieds nus, et une fois qu’on n’y pense plus, c’est génial !