15 techniques pour survivre à une rencontre avec un ours
Note de Laponico : Ce texte et cet article bushcraft est l’oeuvre d’Alex, auteur du blog Coureur des bois, et qui prépare un super trip en Alaska. Il aura des ours à rencontrer, et s’y prépare. Voici ses techniques pour que les éventuelles rencontres se passent bien, qu’il partage avec les lecteurs du blog. Je l’en remercie, et j’espère que vous prendrez plaisir à lire cet article que j’ai trouvé vraiment instructif et sympa !
Comment survivre à un ours ?
Voilà un sujet que je voulais explorer depuis longtemps: comment réagir face à un ours ?
Ça n’est pas vraiment un sujet capital en France, vous me direz ? C’est vrai. Reconnaissons-le. A part dans les Pyrénées, où le risque est faible, on ne rencontre pas ces animaux, sauf à imaginer une grande évasion de grizzli d’un zoo, ce qui – on en conviendra – arrive assez peu.
Par conséquent, en France et globalement en Europe, l’Homme (vous et moi) se hissons fièrement au sommet de la pyramide alimentaire, roi des prédateurs de la montagne et de la forêt.
Pourtant c’est un sujet passionnant. Non pas pour le commun des gens mais pour vous, amateurs de grands espaces nordiques et de forêts boréales. Car si vous aimez lire carnets-nordiques, je ne crois pas prendre un très grand risque en disant que vous êtes attirés par les grands espaces où l’on est susceptible de rencontrer ces belles grosses boules de poil, qui font les meilleurs amis des enfants sous la couette, mais qui peuvent aussi bien vous arracher la tête lors d’une randonnée sans s’en traumatiser outre mesure. Vous qui serez amené, si ce n’est déjà fait, à voyager dans ces régions, il vous faut donc impérativement connaître le sujet. On ne sait jamais. Une mauvaise rencontre est si vite arrivée…
Ça tombe bien, je l’ai étudié pour un cas très pratique qui va survenir bientôt: je pars l’été prochain faire du kayak de mer en Alaska. Le soir, je coucherai sur la plage, et donc il me faut savoir quoi faire pour ne pas me faire arracher la tête. Pas fou!
L’objet de cet article est donc de:
- se sensibiliser aux bons réflexes pour éviter la rencontre (c’est mignon mais quand même).
- savoir quoi faire en cas de confrontations (est-ce que je prends ma meilleure photo ou est-ce que je lui caresse le bout du museau ?)
- savoir quoi faire en cas d’attaque (est-ce que je prends mes jambes à mon cou ou est-ce que je lui casse la tête?)
Ce sont à ces questions que nous allons désormais répondre.
Eviter les rencontres
L’ours est un animal sauvage, et bien qu’extrêmement puissant, il est plutôt farouche avec l’homme. Il ne cherche pas le contact direct. A moins que ce ne soit un ours polaire qui a la dalle et qui vous piste depuis des jours pour faire de vous son prochain dîner (l’ours polaire étant le seul ours (en principe) qui peut se mettre en situation de prédation avec l’homme) sitôt qu’il vous entend, il s’en va et prend un autre chemin pour ne pas être dérangé.
La plupart des accidents surviennent donc en raison de rencontres fortuites. L’animal qui est alors surpris prend peur et attaque. Ces facteurs seront multipliés si l’ours est avec ses petits, si c’est un gros mâle territorial, s’il mange ou s’il est simplement mal luné (ça arrive chez les ours aussi)
« D’accord! Mais comment fait-on pour les éviter? On ne sait pas où ils sont? »
Voyons ça.
- Observer: prenez garde aux signes que laisse l’animal en regardant les empreintes, les excréments, les griffures sur les troncs d’arbres, les carcasses, les comportements des autres animaux… Ex: s’il y a un regroupement d’oiseaux au-dessus d’une rivière, il est probable qu’il y ait un run de saumon avec les ours en dessous qui en raffolent… Bref observons les signes, la nature a plein de choses à dire.
- Signaler votre présence à l’animal en faisant du bruit. Vous pouvez taper dans vos mains, parler fort, chanter. Comme ça ne peut pas durer des heures non plus, on peut accrocher une clochette à son sac à dos qui tinte quand on marche. Une fois à l’arrêt recommencez à faire du bruit pour montrer votre présence
- Ne pas rentrer dans les petits endroits sombre, style grotte ou toute cavité douteuse qui pourrait abriter le monstre féroce
- Eviter de prendre son chien (ou alors le tenir en laisse). Ils ont le don de les trouver et de les énerver
- Etre particulièrement vigilant quand on avance contre le vent car l’ours ne pourra vous sentir ou quand vous êtes le long d’un cours d’eau car il ne pourra vous entendre
- Si vous pêchez, faites les filets au-dessus de la rivière et jeter la carcasse dans le courant. Pas question de laisser quoique ce soit par terre. C’est soit dans votre ventre soit loin de vous. Lavez-vous les mains plusieurs fois. On sait tous que le poisson sent fort. Alors imaginez l’effet que ça doit faire à l’espèce terrestre ayant le meilleur odorat du Monde et qui en raffole comme un dingue. Pas de doute, il viendra jeter un coup d’œil voir si vous lui en avez laissé gratos. Une fois que vous avez fini de manger, laisser les poêles immergées dans la rivière.
- Ne pas stocker votre nourriture sur le lieu de campement. Hissez-là dans un arbre pour ne pas vous la faire piquer pendant la nuit, à environ 200 mètres de votre bivouac. Ou mettez-là dans des contenants métallique étanches ou sac étanche puis dans l’eau
- Changez-vous si vous sentez le repas. Chez certains ours, l’association feu de bois et odeur humaine déclenche une réaction pavlovienne du genre: j’ai la dalle, est-ce que j’irais pas faire un petit racket. Donc changez vous.
- Plus vous êtes en terrain fermé sans visibilité, plus il est conseillé d’être vigilant et de faire du bruit
Ça c’est la prévention, et déjà on voit qu’on peut s’épargner un bon nombre de rencontres inopportunes en suivant quelques précautions. Mais bon personne n’est parfait. Et même si on l’est, les rencontres peuvent quand même arriver. Il existe toujours les impondérables, ou même l’hypothèse où l’ours vous en veut personnellement. Pas de bol!
Dans ce cas comment réagir en cas de confrontations?
Réagir en cas de confrontations
Vous marchez tranquille. Vous vous reposez pépère. Et paf! Un ours. Une masse puissante de muscle qui peut faire jusqu’à une tonne, qui coure à plus de 60 km/h en vitesse de pointe (soit plus rapide qu’un cheval), capable d’arracher n’importe quelle portière de voiture alors que vous avez du mal à ouvrir le couvercle de confiture, se tient devant vous. Que faire?
Conseils:
- Si vous êtes plusieurs, serrez les rangs. Un groupe est plus impressionnant qu’une personne isolée.
- Restez calme, face à lui et tenez vous bien droit. Normalement là il s’arrête. Interdisez-vous toute fuite brusque en lui tournant le dos. Sinon ça activera son instinct de prédateur, et il courra avec certitude derrière vous pour choper le gigot que vous êtes. Et là? Tête arrachée! C’est comme devant un chien agressif, ou même un homme, ne tournez jamais le dos! Par dessus tout ayez ce sang-froid là.
- Reculez doucement tout en lui parlant gentiment et sans le fixer dans les yeux. « Douuucement. Regarde voilà je pars » Le fait de vous entendre avec une voix douce va normalement le rassurer. Vous lui transmettrez le message: « je ne te veux pas de mal, je ne suis pas là pour te piquer ton territoire, tes poissons et ta gonzesse, je suis juste venu par erreur. » S’il vous suit, arrêtez-vous et attendez.
Normalement en appliquant cela, on en reste avec une grosse frayeur et une histoire de baroudeur à raconter dans les dîners. Mais bon, il reste quand même un scénario. LE scénario. Rarissime, heureusement, mais possible. Vous avez contrarié l’ours. Me demandez pas pourquoi, j’en sais rien, mais il est vraiment pas content et il charge…
Réagir en cas d’attaque
Un ours vous charge. Il attaque. Il y a peu de chances que ce soit pour une raison de prédation, probablement plus pour vous imposer le respect. Que faire? Il y a une conduite à tenir pour s’en sortir. Mais les réactions peuvent être différentes selon les espèces.
Comme je sais que vous n’êtes pas « oursologue » (moi non plus d’ailleurs) je vous donne les différences principales pour les reconnaître afin d’adapter votre comportement.
L’ours polaire est un gaillard immense (de deux à trois mètres et pèse souvent une tonne), il est blanc, bon nageur et ne créche que dans les zones arctiques. Donc si vous en croisez un, vous ne ferez pas erreur sur le personnage, je pense.
L’ours brun et l’ours noir se ressemblent déjà plus et peuvent évoluer dans les mêmes milieux.
L’ours brun se différencie de l’ours noir – non forcément par sa taille car il y a des sous-espèces comparables (toutes n’ont pas le gabarit dinosauresque de l’ours kodiak) ni par sa couleur car il y a des ours noirs qui sont clairs et des ours bruns qui sont foncés – mais par des différences morphologiques.
L’ours noir a la croupe plus haute que les épaules et le nez droit. L’ours brun (ou grizzly) a les épaules plus haute et un nez recourbé. Globalement l’ours brun est plus gros.
Maintenant que vous savez qui vous charge à plein régime. Que faire?
OURS NOIRS
Les accidents avec les ours noirs, de surcroît mortels, sont exceptionnels. Le Québec en a recensé deux en 50 ans. Ils font donc le plus souvent des charges pour du beurre. Oh les tapettes! Mais si cela arrive, il est conseillé de se défendre car l’ours noir bien que plus petit (de 70 à 150 kg) et plus craintif que le grizzly ou le polaire, a une force herculéenne par rapport à vous… Mais il ne le sait pas forcément…
Conseil: Poussez le cri le plus viril que vous avez en vous et agitez les bras en l’air pour vous grossir. S’il ne fuit pas, défendez-vous. Montrez que vous êtes le plus bête et le plus fort des deux. Un bon coup de spray de bombe à poivre ou un coup de bâton dans le museau, et tout devrait rentrer dans l’ordre (à part votre intestin qui vous aura probablement lâché)
OURS BRUN (ou grizzly)
Si c’est un ours brun (ou grizzly) ne vous défendez pas à moins d’avoir une arme et de savoir vous en servir. En Alaska on dit qu’il y a plus d’accidents avec les armes à feu en essayant de les utiliser qu’avec les ours eux-mêmes. Ça en dit long…
Conseil: Avant qu’il arrive, mettez-vous à plat ventre et ne bougez plus. Protégez-vous la nuque, la tête et la gorge avec vos bras et faites le mort. Si l’ours ne ressent plus de danger, il vous laissera tranquille. Attendez bien qu’il ait quitter les lieux car sinon il risquerait de revenir.
OURS POLAIRE
Si c’est un ours polaire, on l’a dit, s’il vous charge, c’est probablement pour vous manger. La seule réaction à avoir est de se défendre, de lui montrer que vous ne serez pas une proie qu’on avale facilement.
Conseil: Prenez donc tout ce que vous avez sous la main. Votre arme, fusée éclairante, pistolet d’alarmes, bombes à poivre, caillou, bâton… Sortez votre meilleur kung fu, visez les yeux, la truffe, les muqueuses, les parties sensibles… Cognez fort et battez vous. Bref faites ressortir votre instinct de survie le plus débile et le plus féroce car vous n’avez pas envie de finir au fond de l’estomac d’un ours!
Maintenant vous savez tout. Comment les éviter, réagir si vous les croisez et vous en sortir si vous êtes attaqué. Voilà une bonne chose de faites. En avant sur les sentiers.
Une petite nuance dans le texte s’impose toutefois. Bien qu’on puisse tirer quelques généralités sur les ours pour prévoir leurs comportements, ils restent et resteront toujours des animaux sauvages. Si l’envie leur en prend de vous bouffer malgré toutes vos précautions, c’est possible. Si donc vous ne voulez jamais vous retrouver dans cette situation, ne partez pas dans ces régions. Point.
Autre nuance quand même: allez j’exagère un peu, il est aussi peu probable de se faire tuer par un ours que de se faire frapper par la foudre. Donc partez quand même 🙂 bien qu’il y ait quand même des endroits où le risque est plus fort de se faire frapper par la foudre 🙂
Allez à bientôt!
Et merci Nicolas de m’avoir ouvert une page de ton blog. C’était un plaisir!
Edit: vous pourrez trouver les ressources officielles du gouvernement du Yukon pour assurer votre sécurité face à un ours.
Dans les pyrennes il ne vs attaque pas ne jamais détaler bêtement comme un lapin restez calme vrai s allonger et attendre su il s en aille ai déjà vu ours dans pyrennes ils ne m ont jamais attaque
Super cet article, il m’a fait sourire aussi en repensant a mon voyage au Canada, ou nous avions peur quelques fois de rencontrer des ours. On en a vue 3 fois, 2 bruns et un grizzli . Il y a avait assez de distance pour ne pas s’inquiéter. Au canada lorsqu’il y a avait un grizzli signalé la randonnée etait par la suite interdite.
Le conseil aussi donné la bas, est de ne pas avoir de nourriture dans son sac à dos, de ne pas l’abandonné face a un ours (récompense ) et de le garder sur son dos en cas d’attaque pour se protéger.
Bkn voyage
Merci des précisions 🙂